Les brèves du blog FemmeBionique sont écrites de manière à être lues avec légèreté et humour, tout en poussant gentiment la réflexion.
Dans ce cadre, j’ai choisi de ne pas employer systématiquement l’écriture inclusive mais de temps en temps, au feeling. Et de suivre une règle québécoise (voir plus bas).
Force est de reconnaître que la langue française est tout de même souvent exclusive envers les femmes et le genre féminin.
La langue française contribue ainsi à une représentation d’un monde essentiellement masculin et stéréotypé.
Par exemple, j’ai travaillé plusieurs étés dans une ferme avec des agriculteurs et des éleveurs de vaches (d’une race qui s’appelle « Blonde d’Aquitaine » (!!!) photo ci-dessous).
Il n’est jamais venu à l’idée de qui que ce soit de dire que j’étais agricultrice ou éleveuse autrement qu’en pouffant de rire !
Inconsciemment, ces mots au féminin évoquent « L’amour est dans le pré », une femme qui n’arrive pas à porter le moindre truc, des talons aiguilles qui s’enfoncent dans les champs, une manucure tâchée par l’huile de moteur…en tout cas rien de sérieux ni de professionnel.
Même « ouvrière agricole » n’échappait pas au petit sourire narquois. Et il faut bien le reconnaître, moi-même j’avais ce petit sourire en coin, moi-même je ne me prenais pas totalement au sérieux et me cachais volontiers derrière mon statut de femme. J’évitais ainsi de monter 100 fois à l’échelle par jour : les agriculteurs étant souvent galants, ils le faisaient eux-mêmes ! Sauf si je me « bagarrais » pour y aller car j’allais plus vite qu’eux !!! Certains insistaient alors pour me « tenir l’échelle ».
Comment me qualifiait-on lorsque je travaillais pendant les moissons ? Par mon sexe : la jeune fille, la demoiselle, la jolie petite femme…jamais par le statut professionnel comme mes collègues masculins et pas trop par mon prénom non plus (sauf s’ils parlaient devant moi, ou me connaissaient bien).
Est-ce grave ? Est-ce que cela m’a empêché de travailler ? Non, vraiment pas, au contraire : j’ai A-DO-RÉ travailler à la ferme années après années. J’en garde d’excellents souvenirs et une grande expérience professionnelle.
Cependant, exercer un métier dit « d’homme » a des répercussions et il était clair que je n’étais pas prise au sérieux en tant que femme dans ce milieu masculin (pourtant nombreuses sont les femmes qui travaillent à la ferme !). Chaque été, je devais refaire mes preuves. Les mêmes personnes me regardaient avec des yeux ronds conduire tous les engins agricoles avec une facilité déconcertante. En tant que femme, je continuais à surprendre (et à me surprendre moi-même) en travaillant à la ferme.
Quel rapport avec l’écriture inclusive ? Les mots nous évoquent spontanément des stéréotypes (ou des clichés) à force de les entendre uniquement au masculin ou au féminin. Le résultat ? Bien que les femmes représentent presque la moitié des êtres humains sur Terre, ce sont les hommes qui sont majoritairement à des postes à haute responsabilités. Des métiers sont presque exclusivement représentés par des hommes et d’autres par les femmes.
Pourtant lorsqu’un petit mélange se fait, il en résulte de jolies surprises :
En 1941, Hedy Lamarr, grande star du cinéma est aussi à l’origine du système de codage qui permet aujourd’hui d’utiliser le Wifi et le GPS. Rien que ça !
À la même époque, Owen Finlay Maclaren, un ingénieur aéronautique à la retraite, créé la première poussette pliante, sur le modèle des trains d’atterrissage des avions.
Vous n’êtes pas convaincu que les mots aient une incidence sur le comportement ?
Alors laissez-moi vous guider vers ce délicieux gâteau au chocolat sur la table de la cuisine. Un beau gâteau au chocolat qui sort tout juste du four, sa douce odeur sucrée et chocolatée se répand dans toute la pièce.
D’un coup de couteau, une belle tranche se coupe. Qu’est-ce qu’il sent BON le chocolat ! Et en plus, il est moelleux comme il faut.
Allez-y, goûtez-le et régalez-vous. Dans votre bouche, il fond et le chocolat inonde vos papilles. Huuuuuuum…le régal !
Vous en voulez ? Vous salivez ?
Si oui, voilà la preuve que les mots ont bel et bien une incidence sur nos comportements.
Sinon, peut-être que vous n’aimez pas le chocolat ou alors peut-être que vous êtes anosmique (handicap de l’odorat) ou agueusique (handicap du goût) ?
N’étant plus à l’aise avec ces représentations exclusives, j’ai décidé d’écrire de manière un peu plus inclusive (pas totalement, car les habitudes ont la vie dure et la lecture des brèves doit être fluide).
Voilà pourquoi j’applique la règle québécoise sur les accords que je trouve d’une logique déconcertante et juste : accorder avec le genre le plus représenté !
Ainsi, sur ce blog, je considère qu’il n’y a pas de faute dans une phrase écrite comme celle-là :
«Aucune vache ni veau n’ont été maltraitées pour les photos. ».
« maltraitéES » car les vaches étant plus nombreuses que le seul veau, le féminin l’emporte ! Merci les québécois.
Ceci est juste ma pierre à l’édifice d’un monde plus inclusif pour nous les femmes, sans écraser les hommes pour autant.
PS : Si vous avez envie d’un bon gâteau au chocolat fait-maison, c’est tout à fait normal !
(Ou d’un bon gâteau fait-maison tout court si vous ne raffolez pas de chocolat !)