Je suis la première à râler contre les stéréotypes mais je suis aussi la première à en avoir !
C’est ainsi que quand je me retrouve face à des personnes dans des corps d’adultes mais avec l’air d’être encore adolescents (exactement comme moi, ce n’est pas pour rien si on me donne toujours 5 ans de moins que mon âge), je me mets à leur parler comme à des gosses.
Un jour, en voulant féliciter un responsable universitaire pour l’excellent travail qu’il fournit chaque année pour accompagner les élèves j’ai lâché un « c’est bien, on est content ! ». Exactement comme si j’avais félicité mon neveu de 6 ans…
Sur la même onde des stéréotypes (cette fois-ci, ceux qui concernent la femme et les tâches ménagères) j’ai un soir, dit à ma soeur que son lave-vaisselle était presque plein. Elle m’a répondu que c’est son mari qui s’occupe du lave-vaisselle tous les soirs.
Le-dit mari qui est juste à côté d’elle. En face de moi. Que je n’ai même pas regardé en parlant du lave-vaisselle presque plein.
Pourtant, quand je leur ai raconté comment j’avais perfectionné les grimaces de leurs enfants, je les ai regardé tous les deux. Mais pour le lave-vaisselle je n’ai regardé que ma soeur. J’étais inconsciemment à fond dans le stéréotype de la femme qui s’occupe de la maison…
Les noirs (ou les « personnes noires » comme nous les « blancs » les appelons poliment) n’ont pas non plus été épargnés par mes automatismes stéréotypés. Un jour, un ami qui est né et a grandi au Togo me racontait que ses belles et libres excursions à moto dans la campagne africaine lui manquaient. Je lui ai répondu que je n’avais jamais visité son pays mais que je l’imaginais parfaitement en train de traverser la campagne togolaise à moto grâce aux films. Jusqu’à ce que je lui dise : « Ah mais en fait, je ne peux pas dire que « je t’imagine très bien » car l’image que j’ai en tête se passe certes dans un pays africain avec une moto qui évite les trous et laisse un nuage de poussière de terre derrière elle MAIS l’homme qui la conduit est blanc ! Or tu es noir…». Cela m’a vraiment fait prendre conscience à quel point même mes plus simples pensées étaient stéréotypées.
Vivement plus de diversité dans les films pour changer tout cela !
Et comme je suis une femme, je vais me mordre les doigts d’avoir pensé ou dit ces choses là.
Parce qu’en tant que femme et femme handicapée je m’en veux de tomber dans le piège des stéréotypes.
Par expérience, je sais qu’à la longue tous ces stéréotypes sont usants et frustrants. On les subit quotidiennement de façon consciente ou inconsciente. Et à la fin de la journée on finit par être énervé.e, souvent sans vraiment savoir pourquoi.
Et comme je suis une femme, je vais avoir besoin de parler de ces épisodes. Même si on est le lendemain ou une semaine après. Ah tiens, justement mon Homme est là ! Lui, ça le fait rire : il ne voit pas pourquoi je me prends la tête à ce point là. Mais il reconnaît qu’on fait tous ces erreurs.
Et comme je suis une femme, je ne vais pas oublier de sitôt d’avoir lâché de telles âneries.
Et comme je suis une femme, je m’en mordrai toujours les doigts 1 mois, 3 mois, 6 mois après.
Ça m’auto-fatigue d’ailleurs…
Allez, je me pardonne va !