Un jour, je me suis plantée : les participant-es n’étaient pas entièrement satisfait-es d’une conférence que j’ai animée, et j’avoue, c’est de ma faute… Je vous raconte tout !
On m’avait demandé “Une initiation à la Langue des Signes Française” en 1 heure.
Je suis une personne sourde et je signe (spoiler : ce n’est pas le cas de la majorité des personnes sourdes).
Je suis une professionnelle : j’interviens dans les entreprises.
Avec ce combo de compétences, on me demande souvent de venir enseigner la Langue des Signes Française (LSF).
Et cela me fait immensément plaisir ! Des personnes motivées pour apprendre la Langue des Signes Française ? On en a besoin ! J’aimerais que beaucoup plus de personnes sachent signer. Quelles soient entendantes ou sourdes.
Sauf que… la Langue des Signes est une vraie langue, comme son nom l’indique ! La loi du 11 février 2005 le reconnait explicitement. La LSF possède son vocabulaire (signaire), sa syntaxe, sa grammaire, etc. Les mots ne sont pas forcément dans le même ordre que ceux de la langue française.
Je vous donne un exemple : en français on dit « Signe-moi une histoire ». En Langue des Signes Française on signera « histoire » + « signer vers moi ». On passe donc de 4 mots en français à 2 signes en LSF. Et en plus les mots sont inversés !
C’est bien la preuve que la Langue des Signes Française ce n’est pas traduire en signes chaque mot d’une phrase française ! Non, la LSF a sa propre logique de langue visuelle.
On dit bien « Langue » des Signes, et non « Langage » des Signes. Je sais que c’est un réflexe difficile à perdre car les médias écrivent encore beaucoup trop « langage » des signes. L’astuce pour retenir est très simple. Vous dites « langue française », « langue japonaise », « langue espagnole », gardez le même mot pour « langue de signes » !
La LSF est donc une langue vivante et une heure, c’est beaucoup trop court pour enseigner la Langue des Signes Française.
Et puis surtout il y a une information capitale à retenir, que j’ai déjà mentionnée plus haut : la majorité (les 3/4) des personnes sourdes… ne savent PAS signer !!!
Résultat : je suis incapable de parler de la Langue des Signes Française sans expliquer ce qu’est la surdité.
Pourquoi ? Car enseigner uniquement des bribes de la Langue des Signes Française pendant une heure ne fait que renforcer le stéréotype de « personne sourde = personne qui sait signer ». FAUX, faux et archi faux !
J’en reviens à mon intervention :
Que s’est-il passé ? J’ai parlé pendant 45 minutes de la surdité et du pourquoi du comment de la LSF. J’ai uniquement consacré les 10 dernières minutes à l’apprentissage de quelques signes.
Mais…les personnes qui ont assisté à mon “initiation à la Langue des Signes Française” auraient aimé…. + de LSF et moins de blabla ! Je comprends parfaitement leur envie. C’est logique : le titre n’allait pas avec ma conférence.
Donc initier à la Langue des Signes Française, je dis oui, mais pas sans expliquer ce qu’est la surdité !
Une personne sourde peut avoir une surdité légère, moyenne, sévère ou profonde. Elle peut lire sur les lèvres, se servir de son audition (imparfaite mais présente), utiliser la suppléance mentale, pratiquer la Langue des Signes ou pas, etc…
Mon souhait le plus cher est que les personnes qui assistent à mon intervention soient plus à l’aise avec les personnes sourdes qu’elles rencontrent. Qu’elles comprennent mieux le handicap de la surdité dit « invisible » !
Si on me dit « Clara, demain tu vas rencontrer une personne sourde ou malentendante », je suis au même niveau que vous : je ne sais pas comment je communiquerai avec elle ! Je le saurai qu’en la rencontrant. Car connaître son handicap ne me donne pas d’informations sur son moyen de communication le plus adéquat : lire sur les lèvres ? Passer par l’écrit ? Coder en LPC ? Signer en Langue des Signes ?
Alors j’ai réfléchi. Comment satisfaire l’envie des gens de s’initier à la Langue des Signes en si peu de temps ET les informer sur le handicap de la surdité dans sa globalité ?!
Et d’un coup la lumière dans mon cerveau : un truc que je fais depuis le début de FemmeBionique : des quiz ! Mais pas n’importe quel quiz, un quiz où les participant.es répondent aux questions en signant !
Et pour pouvoir répondre en signant, il faut … commencer par apprendre à signer. Tout simplement.
Petite confession : l’idée de ces quiz signés est un moyen de compenser ma surdité ! En effet, il m’est plus simple de voir mon auditoire signer plutôt que de tenter de décrypter un brouhaha de réponses incompréhensible à mes sourdes oreilles.
Ce format a été testé et… APPROUVÉ ! Comme vous pouvez le voir sur la photo de cet article, les participant-es étaient ravis et captivé-es 🙂
Cet atelier s’appelle le « Quiz Bionique » et si tu souhaites découvrir le déroulement et me contacter pour le mettre en place dans ton entreprise, tout est sur cette page :